Énergie

Edit:27 janv. 2019, Cre:13 nov. 2024

Véhicules électriques

Historique

Il a existé nombre de véhicules électriques aux USA (camionnettes essentiellement) au début du XXème siècle.

La faible autonomie et la vitesse modeste ont conduit rapidement à leur abandon au profit des véhicules à moteur à explosion.

Les batteries

Le poids et l’entretien important des batteries au plomb a peu évolué pendant près d’un siècle.

On a vu apparaitre dans les années 60 les batteries au Cadmium-Nickel, plus performantes, mais posant un problème de pollution.

Les batteries ont évolué avec l’apparition des modèles Nickel-Métal hydride (NiMh) puis Lithium-Ion (Li-Ion) dans les années 90.

La demande importante de batteries pour les ordinateurs portables puis les téléphones mobiles a créé une industrie et favorisé le développement de ces batteries.
Le Lithium est un métal très léger qui n’est pas toxique ni polluant mais qui brûle très bien.

Bien que nettement plus performantes (environ 4 fois plus que les batteries au plomb à poids égal), les batteries Lithium-Ion ont longtemps posé des problèmes de défaillances subites, bien avant la fin normale de vie. Par ailleurs, ces batteries ne supportent pas la température qui les fait vieillir prématurément. Leur prix est aussi relativement élevé.

Dans le cadre d’utilisation à haute puissance on doit gérer la température des batteries à l’aide de système de refroidissement ou d’une climatisation.
Les progrès sur ces batteries permettent désormais leur utilisation pour des véhicules électriques, avec une autonomie répondant à 80 ou 90% des besoins (200 à 300 km). Par ailleurs, il est possible de les recharger beaucoup plus vite que les autres batteries, ce qui permettrait un ‘dépannage’ aisé d’un véhicule en fin d’autonomie.

Les supercondensateurs

Il existe aussi une nouvelle technologie, les ‘supercondensateurs’, offrant un moyen de stockage de l’électricité moindre que les batteries, mais pouvant être remplis ou vidés très rapidement avec un très bon rendement. Ceci permet de récupérer l’énergie de freinage et d’amortir les à-coups sur les batteries, améliorant du même coup leur capacité et leur durée de vie. Dans le cadre d’un usage urbain ou les pertes de roulement et les pertes aérodynamiques sont faibles, récupérer l’énergie de freinage permet d’améliorer l’autonomie de manière considérable.

Moteurs

Les moteurs électriques et l’électronique associée ont fait de grands progrès en terme de poids, de rendement et de fiabilité (moteurs sans balais ‘brushless’ à aimants permanents). Il existe des moteurs pouvant développer une puissance de pointe de 100kW et une puissance continue de 40kW qui pèsent moins de 30 kg chez UQM, sans nécessiter de boite de vitesse. On trouve aussi des moteurs-roues, dont la compacité est exceptionnelle puisqu’ils sont logés dans le corps de la roue, chez TM4. Les aimants permanents performants reposent cependant sur l’usage de métaux dits ‘terres rares’ actuellement uniquement produits en Chine, ce qui pose des questions de dépendance industrielle.

Faisabilité actuelle

L’évolution des batteries et des autres composants permet désormais la construction de voitures ou de camions électriques utilisables quotidiennement à grande échelle.

Oui mais:

  • Une voiture électrique est fondamentalement différente d’une voiture à moteur à explosion et elle doit être conçue spécifiquement.
    Les propositions actuelles sont pour la plupart basées sur des véhicules ordinaires modifiés, ce qui est loin d’être optimal, mais permet de disposer de pièces à faible cout et de faciliter l’entretien.
  • Un des problèmes majeur est le chauffage ou le refroidissement, qui consomme une bonne part de l’énergie disponible, réduisant d’autant l’autonomie. La solution est d’utiliser une ‘pompe à chaleur’ (un climatiseur air/air réversible), ce qui réduit la consommation énergétique de chauffage par un facteur 3 à 4. La chaleur étant disponible ‘gratuitement’ avec un moteur à explosion, on ne s’est jamais préoccupé des pertes thermiques qui sont considérables sur les véhicules actuels. Une reconception est nécessaire, comportant une isolation thermique correcte, des doubles vitrages et un emplacement ad-hoc pour la pompe à chaleur. La voiture étant branchée à l’arrêt, préchauffer l’habitacle avant le départ permettrait quelques économies de batterie.
  • Le faible volume des moteurs électriques permettrait de récupérer une partie de la place à l’avant, pour les batteries par exemple, mais le compartiment ‘moteur’ doit être redessiné à cet effet. Rien n’oblige une voiture électrique à être surélevée comme les prototypes que l’on voit actuellement.
  • La chaleur générée par le moteur devenant très faible et l’absence de pot d’échappement permettrait d’avoir des ‘dessous’ nettement plus propres et d’améliorer l’aérodynamique.
  • Même s’il y a peu d’entretien sur une voiture électrique, il faut quand même créer un réseau de distribution et d’entretien, et c’est un problème majeur (voir sur le site de Cleanova leur commentaires à ce sujet).
  • Tant qu’il n’existe pas de marché suffisant, les véhicules ne sont pas optimisés, ni techniquement ni en termes de coût. Il faut d’abord créer un marché suffisant. Une politique d’état volontariste permettrait d’accélérer le processus resté un peu bloqué actuellement. Avec un problème important au bout de la ligne, c’est celui de la fiscalité des carburants fossiles, qui rapporte énormément à l’état. Ceci étant, nous sommes actuellement très loin d’un envahissement du marché par les voitures électriques.
  • Il existe actuellement des limitations quand au nombre de véhicules avec des batteries Lithium pouvant être garés simultanément dans un parking, à cause des risques d’incendie. Ceci est probablement le problème le plus délicat à gérer pour les véhicules électriques.

Le futur proche

Qu’est-ce qui existe ou est en préparation ?

  • Les constructeurs traditionnels ont commencé a développer des voitures purement électriques avec l’aide d’un cadre règlementaire favorable.
  • Des scooters électriques de plus en plus nombreux dont certains comme le Vectrix ont des performances équivalentes à un scooter traditionnel.
  • Un constructeur spécialisé Tesla qui a développé des voitures de haut de gamme. Site en anglais.
  • Les vélos à assistance électrique (VAE), dont la technologie est devenue mature pour autant qu’on accepte d’en payer le vrai prix (1700–3000 Euros), permettraient de couvrir plus de 50% des besoins de déplacements actuels. Leur faible poids et les limites règlementaires offrent une autonomie confortable (~80 km) pour une capacité de batterie de 400Wh. Cette capacité est 60 à 100 fois inférieure à celle requise pour une voiture électrique, ce qui permettrait un déploiement relativement rapide à grande échelle. Le coût d’exploitation en électricité est marginal (< 10 euros par an). On estime à 120 millions le nombre de vélos électriques circulant en Chine (production ~20 millions/an) et à 1.6 millions par an le nombre de VAE vendus en Europe alors qu’ils s’en vend près de 33 millions en asie. Malheureusement ces vélos n’ont pas eu beaucoup de succès en France du fait de la mauvaise qualité des produits fournis, au contraire de ce qui se passe en Allemagne ou en Europe du nord (lien en anglais).
Malheureusement en France, les budgets alloués au développement du vélo en tant que moyen de transport sont marginaux comparés aux budgets des autres moyens de transport. Les réseaux de pistes cyclables sont généralement peu cohérents et pas correctement interconnectés. Lors de développement de nouvelles infrastructures et d’ouvrage d’arts, il n’existe pas de budget pour faire passer les pistes cyclables et les associations doivent se battre ouvrage par ouvrage pour obtenir des passages, ce qui traduit une absence de volonté politique réelle.
Le budget annuel routier (état + régions) est de plus de 4 milliards d’euros et le budget des infrastructures vélos ne fait pas l’objet de statistiques globales. Le budget de la ville de Paris, de loin le plus important est d’environ 30 millions d’euros par an (plan vélo 2015–2020 de 150 millions d’Euros), pour un objectif de 15% de déplacements vélo à l’horizon 2020.

Comparaison batteries

Quelques chiffres (équipements en modules):

Supercondensateurs 7 Wh/kg Et en labo 85 Wh/kgMaxwell BoostCap
Des milliers de Farad…
Plomb-Acide 25 Wh/kg 140 ans d’expérience
Attention aux décharges profondes.
Ni-Cd 55 Wh/kg Polluant
Ni-Mh 60 Wh/kg Importante autodécharge Cobasys
Batteries industrielles refroidies par air.
Li-ion 200 Wh/kg Attention au refroidissement. Au format industriel: Saft
Li-ion-nanophosphates 164 Wh/kg Beaucoup plus robustes que les Li-Ion classiques. A123 Film
Valence
Sodium-Soufre 115 Wh/kg Doivent être maintenues chaudes (300°C).
Pour des véhicules de flotte
Zebra
Lithium-Soufre 300 Wh/kg En début d’industrialisation Les batteries Licerion. SION power Polyplus
Lithium-sulphide 200 Wh/kg OXIS Energy

Les batteries Lithium-Ion aux nanophosphates A123 sont produites à grande échelle depuis Juin 2006 pour les outils portatifs Dewalt et c’est la ruée aux USA. Leur énergie massique n’est pas meilleure que ce qui existe (100 Wh/Kg), mais elles sont beaucoup moins chères, plus robustes et elles brulent nettement moins aisément. Elles peuvent être rechargées à 80% en environ 5 minutes du fait de leur faible résistance interne (ce qui facilite aussi la récupération d’énergie de freinage). Sur Internet, on se les arrache et il y a beaucoup d’agitation chez les modélistes. On peut trouver les packs Dewalt au royaume-uni. Un article en anglais sur leur usage dans les véhicules électriques.
D’autres sociétés ont en préparation des batteries similaires Valence (déjà cité), AltairNano et 3M.

Une solution non encore démontrée, qui serait la solution ultime: des supercondensateurs ayant une capacité égale ou supérieure à celle d’une batterie: Durée de vie en centaines de milliers de cycle, ça ne chauffe pas, la récupération d’énergie se fait avec un excellent rendement et il n’y a absolument aucun entretien. Sous réserve de démonstration effective…
Les supercondensateurs EEstor. La solution EEstor est celle d’un diélectrique supportant une très haute tension pour améliorer la capacité (3600V, à titre de comparaison les Maxwell ont 3.6V de tension nominale). Une autre voie est l’augmentation de la surface par des nanotubes. Tout celà reste du domaine de la recherche mais est extrêmement prometteur.
Toshiba développe des batteries Lithium-Ion qui pourraient être rechargées à 80% en 1 minute.

Bilan

On voit donc qu’on arrive aujourd’hui (2019) à quelque chose d’utilisable mais les progrès espérés sur les batteries il y a dix ans ne se sont pas concrétisés.
La très grande majorité des déplacements quotidiens se fait sur courte ou très courte distance, la nécessité d’une importante autonomie ne se fait sentir que pour 10 à 15% des déplacements. L’une des questions est donc de savoir s’il faut disposer de véhicules différents suivant les usages ou s’il faut ajouter le poids permanent d’un générateur (véhicule hybride) qui sera peu utilisé.

Malgré leur faible capacité par rapport à des batteries, les supercondensateurs sont utilisables par un bus ou un tramway pour aller d’un arrêt au suivant. Ceci devrait grandement simplifier la distribution électrique, proposant en quelque sorte des trolleybus sans trolley, se chargeant à chaque arrêt. L’arrêt est lui même basé sur des supercondensateurs, réinjectant en un temps bref le courant collecté en continu sur le réseau. Une flotte est en développement en Chine.

Aux état-unis, on parle beaucoup de piles à combustibles à hydrogène, générant de l’électricité pour un véhicule ‘hybride’. Cette solution est complexe et nécessite la mise en place d’une infrastructure de distribution d’hydrogène, chère et compliquée et il n’y a pas d’intérêt perceptible. Un véhicule purement électrique à seulement besoin de prises de courant… Actuellement, les véhicules électriques les plus performants ont plus d’autonomie et sont considérablement plus simples que les véhicules à pile à combustible. Les promesses des nouvelles batteries telles que les Lithium-Soufre (qui existent uniquement en petits modules actuellement) pourraient tout simplement balayer toutes les autres techniques.

D’ou vient l’énergie ?

Le cas de la France, qui produit son électricité à 72% avec de l’énergie nucléaire est particulier. Dans le reste du monde, les augmentations de production électrique se font majoritairement avec des centrales à charbon, dont la consommation est proche de celle du pétrole. D’un point de vue global, la voiture électrique est principalement une voiture à charbon. Si la consommation des voitures électrique devenait substantielle, il est possible qu’une augmentation de capacité de production soit nécessaire, alors qu’actuellement, il est envisageable de recharger les batteries pendant les périodes de production ‘creuses’ (la nuit), mais cette électricité est actuellement vendue à l’étranger et cela modifierait donc la balance commerciale.

Est-ce que ça présente un intérêt ?

Sanitaire

La pollution urbaine est en grosse partie générée par le trafic routier et un véhicule électrique diminue la pollution locale même s’il transfère une partie de celle-ci ailleurs. Cependant, il continue à générer des particules par l’usure de ses pneus, qui sont une source non négligeable de particules fines. Potentiellement, on peut cependant espérer une diminution importante de la pollution dans les zones urbaines denses.
Un autre avantage, auquel on pense moins mais qui est pourtant relativement important, c’est la diminution du bruit. Le bruit urbain est une pollution majeure génératrice de stress et de problèmes de santé et le gain apporté par les véhicules électriques est considérable. Mais le silence des voitures électrique rique d’entrainer des conflits avec les autres usagers, piétons et cyclistes.

Énergétique et environnemental

Les voitures électriques proposées aujourd’hui sont chères et donc on en attend un niveau de confort au moins équivalent aux véhicules à combustion. Le résultat global est que ce sont des véhicules très lourds avec des batteries très conséquentes qui nécessitent plus de ressources pour être construits, ce qui est va a l’encontre d’une possibilité de large déploiement. Depuis l’écriture de cet article (vers 2007), les méthodes d’analyses ont évolué et on sait aujourd’hui mieux évaluer l’impact global d’une véhicule électrique sur l’ensemble de son cycle de vie, comprenant la construction, le fonctionnement et la destruction. Il s’agit d’une estimation car les éléments comme la durée de vie ne sont pas parfaitement maitrisés. La simplicité globale d’une voiture électrique permet d’espérer une durée de vie supérieure à un véhicule à combustion, mais c’est un exercice délicat. Le bilan global d’une voiture électrique est positif comparé à celui d’une voiture à combustion, mais pas d’une manière très significative. Les chiffres actuels sur le ‘bilan carbone’ (qui n’est qu’une partie de l’impact, il faut aussi prendre en compte les ressources en matériaux nécessaires) donnent un bilan carbone d’environ 80% de celui d’un véhicule à combustion. C’est absolument insuffisant pour faire face à la crise de ressources (notamment énergétiques) à venir à laquelle on ne pourra faire face qu’en remettant en cause fondamentalement les modes de transports et l’usage de l’automobile, lui-même lié à l’aménagement du territoire (large étalement urbain et généralisation des centre commerciaux péri-urbains). Même si pour une personne habitant en zone urbaine dense, l’électrification des voitures parait attrayante, elle ne peut absolument pas répondre au futur tel qu’il se profile. La présenter comme un moyen de résoudre la crise énergétique est une fraude intellectuelle et une excuse pour fuir les vraies questions.

Voitures électriques vs voitures légères ?

Une autre piste pour économiser l’énergie et les ressources est de construire des voitures très légères (500kg). Il y a eu des études de faisabilité pour des voitures de 500kg qui montrent que c’est possible, mais il faut faire des compromis.
Une voiture plus légère nécessite moins de ressources et consomme moins (l’objectif est de 2l/100 km) et surtout, comme elle ne modifie pas fondamentalement les moyens de production elle peut donc être déployée très rapidement à grande échelle, ce qui n’est pas possible pour les voitures électriques.
Des voitures électriques légères sont aussi possible, mais les problèmes de déploiement à large échelle restent importants.

On ne peut pas utiliser de direction assistée sur un véhicule léger (on n’en a pas vraiment besoin) et on devra se passer de certains éléments de confort. Sur une voiture de 500 kg, il n’est pas envisageable d’avoir 6m2 de vitrages comme le promettait récemment la publicité. Ni d’avoir une voiture qui peut rouler à 170 km/h et accélérer aussi énergiquement qu’une voiture de course des années 60.
Sauf que tout le matraquage publicitaire (1500 Euros de publicité par voiture vendue) et toute la ‘culture’ savamment orchestrée par les constructeurs tourne autour du confort et de la performance. La voiture est aujourd’hui, tout autant qu’hier un objet statutaire qui permet à son possesseur de s’afficher. Les acheteurs de voitures neuves sont en moyenne ceux qui ont un pouvoir d’achat un peu plus élevé et leur faire admettre d’acheter une voiture moins luxueuse et moins confortable passe par un changement culturel profond qui paraît aujourd’hui très malaisé. Le problème est que les lourds véhicules que l’on vend aujourd’hui (dont 36% de SUV) seront encore sur les routes dans quinze ou vingt ans. Les industriels de l’automobile sont aujourd’hui encore très puissants et les pouvoirs politiques en place n’ont ni la volonté ni le pouvoir de les affronter frontalement.
Il faudra faire ‘sortir du marché’ prématurément une grande partie des voitures que l’on construit aujourd’hui qui sont totalement inadaptées à ce qui se prépare. Cela ne sera pas simple.

(c) Pierre ROUZEAU
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Page mise à jour le 27/01/2019 02:22