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Politique

Edit:09 sept. 2008, Cre:29 mars 2024

La politique industrielle

Qu’est-ce que la politique industrielle ?

C’est le choix que fait un état d’aider tel ou tel secteur de l’industrie, de façon à s’affranchir de manière partielle de la nécessité de bénéfices immédiats.
C’est une mise entre parenthèses de la logique capitaliste, en espérant des bénéfices futurs, ou simplement dans l’intérêt général.

Pourquoi faire ?

  • Pour adoucir la brutalité sociale de secteurs en déclin (le textile..)
  • Pour renforcer un secteur industriel en espérant un bénéfice à plus long terme (aéronautique, spatial, télécom)
  • Pour le bien public, par exemple faciliter la vie des gens, diminuer la pollution, etc. (les HLM, les transports ferroviaires)
  • Pour se protéger de risques géopolitiques extérieurs (l’industrie nucléaire)

Qu’est-ce que le libéralisme? C’est une philosophie politique et économique qui considère au mieux que l’état est inefficace, au pire que l’état, c’est ‘mal’. Et qu’il convient de détruire cet état ou de le priver de tout moyen d’action.

Le libéralisme est une tendance lourde dans la plupart des pays industrialisés, dont la France.
Et cette tendance est très fortement renforcée par l’union européenne telle qu’elle fonctionne actuellement. Si un état entreprend des actions de protection de certaines de ses industries, l’Europe le punit parce ça nuit à la bonne concurrence Européenne. Ceci pourrait être partiellement légitime si la communauté avait elle-même une réelle politique industrielle, mais ce n’est pas le cas. La seule politique réellement menée par la communauté, c’est la politique agricole, avec un certain succès malgré de nombreuses aberrations.

Cette destruction systématique des pouvoirs d’intervention des états est stupéfiante quand on regarde l’histoire récente ou ancienne de toute l’industrie, qui s’est batie avec l’aide et la protection des états, tout particulièrement aux états-unis, qui ont construit leur puissance derrière de hautes barrières douanières.

On peut remonter jusqu’aux espions d’état envoyés en Chine pour récupérer les méthodes de production de la soie, mais il n’est pas besoin d’aller aussi loin.

Si l’on regarde en France les résultats de la politique industrielle, on y trouve des échecs retentissants:

  • La sidérurgie
  • L’informatique et les ‘plans calculs’
  • Le Concorde
  • L’industrie papetière

Et des réussites incontestables:

  • Les télécom, partis de zéro il y a quarante ans, 1ère exportation actuelle
  • Airbus
  • Ariane
  • La production d’électricité nucléaire
  • Le TGV
  • Des infrastructures routières de qualité

Lorsque l’état a décidé de créer le TGV, toutes les analyses économiques prédisaient une perte. Cependant, il a été jugé que c’était suffisamment important, même si ce n’est pas économiquement rentable. Est-il besoin de souligner l’impulsion économique que le TGV a donné aux régions desservies.
Cela justifiait ce choix, même sans rentabilité directe. De plus, ce projet supposé économiquement non rentable directement est celui qui apporte aujourd’hui le plus de bénéfice à la SNCF.

La décision de pousser le développement de l’industrie nucléaire a été prise de manière relativement opaque, mais elle obéissait à une logique évidente: limiter la dépendance par rapport aux pays producteurs de pétrole. La situation actuelle dans les pays du moyen-orient souligne cruellement la pertinence de ce choix.
La France a accepté il y a bientôt dix ans de mettre en concurrence son industrie énergétique avec les autres pays européens qui ont ont fait le choix de ne regarder que la logique économique.
Comment peut-on mettre une industrie batie sur une logique politique (l’indépendance énergétique) en concurrence avec une autre industrie à la logique purement capitaliste? C’est totalement irresponsable, surtout dans le contexte politique international actuel. C’est l’abandon total de l’idée de départ.

Je tiens à préciser que je travaille dans le secteur privé et que je cotoie depuis longtemps les entreprises nationales du secteur énergétique. J’y observe de près certains dysfonctionnements graves, qui sont parfois hallucinants.
Simplement, il faut savoir ce que l’on veut et être prêt à en payer le prix. Nos politiques ne savent plus prendre de décision autre que dictée par la CEE ou un lobby économique…

On a vu, à la suite des essais en vol de l’airbus A380, certains prétendre que ce serait une réussite de l’Europe. C’est un énorme mensonge. Airbus n’existe que parce que certains états Européens sont intervenus énergiquement à tous niveaux pour aider cette entreprise depuis sa création. On est aux antipodes de la politique libérale actuellement menée. Si on avait suivis les théories libérales actuelles, Boeing serait aujourd’hui un monopole mondial, ce qui serait une catastrophe autant pour les USA que pour l’Europe…

(c) Pierre ROUZEAU
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Page mise à jour le 09/09/2008 20:14