Vélo de ville


Edit:26 nov. 2018, Cre:26 nov. 2018

Amenagement Urbain

Aménager une ville pour les piétons et les cyclistes va bien au delà des infrastructures de circulation, il est nécessaire de repenser la logique complète.

Pour qu’une ville soit accessible, il faut que ce dont on a besoin dans la vie courante soit accessible et disponible.
Or toute la logique des quarante dernière années tend a organiser la vie autour des déplacements automobiles et a éjecter les commerces de base des centre ville. Quand il reste des commerces, ce sont souvent des commerces de produits de luxe ou de produits coûteux. Et souvent, surtout dans les petite villes, le centre ville finit par être abandonné. Parfois, devant cette désertification, les municipalités tentent de coûteux réaménagement des centre, en créant des zones piétonnières, mais cela ne porte pas toujours ses fruits. Des études ont montré qu’il y a un moment ou la refonte est trop tardive et ne parvient pas a faire revivre le centre ville.
Par ailleurs, bien que le ‘tout automobile’ soit a terme condamné par la crise énergétique, on continue de construire de grand centres commerciaux principalement destinés aux personnes motorisées. Il y a de nombreuses raisons a cela, tant dans la mentalité des aménageurs, de leur proximité avec les entreprises commerciales que d’une corruption active ou plus simplement d’une sensibilité aux pressions des entreprises. La loi de décentralisation, ayant transféré l’attribution des permis de construire aux municipalités a conduit a l’abandon d’une vision d’ensemble et a une explosion de la corruption en France.
Avant la décentralisation, la planification centralisée n’avait pas que de bons cotés et il y avait un contrôle en fonction des orientations politiques, notamment parce que les municipalités ne pouvaient pas contrôler la construction de logement sociaux et il y a une politique de ‘relégation’, créant d’importantes concentrations de logement sociaux et des zones ‘défavorisées’ avec les résultats désastreux que l’on constate.
Mais transférer tout aux municipalités sans un minimum de coordination globale a conduit a des aberrations avec une sorte de compétition entre les villes et une volonté de récupérer de l’argent à tout prix et une faiblesse devant les lobbys de tout poil. Aujourd’hui, on cherche a créer des communautés de communes pour définir des plans à une échelle plus large. Est-ce que ce sera suffisant? Ce n’est pas sûr.

Partout, les prix de l’immobilier ont un caractère spéculatif qui fait que le prix des biens est sans rapport avec le prix réel. Quand un centre ville conserve une valeur aux yeux des acheteurs immobiliers, les prix montent et les commerces ont a faire face a des prix de location qui obèrent leur rentabilité. Sans surprise, ce sont les commerces alimentaires qui disparaissent en premier, alors que c’est eux qui sont les plus nécessaires pour la vie courante. Sans une politique contraignante imposant des locations a prix raisonnable pour les commerces, les villes deviennent invivables ou prennent un caractère décoratif, quand elles ont un passé historique, elles deviennent des musées à ciel ouvert dans lesquels la vie n’est pas si facile.

Ce qui se passe aujourd’hui au niveau de l’état, avec une grosse concentration des services publics, hôpitaux, tribunaux va a l’encontre de ce qui fait un pays vivable. On créée des obstacles partout pour les gens qui ne veulent pas ou ne peuvent pas conduire, ce qui est aggravé par l’abandon de nombre de transports public, en particulier les petites lignes de chemin de fer. 17% des Français majeurs n’ont pas le permis de conduire et permis les 83% restant, un certain nombre ne conduit pas pour des raisons d’age, de santé ou faute de pratique régulière. Cela fait donc plus de 20% de la population qui ne peut pas ou ne veut pas rouler en voiture. On mentionne aussi des estimations de 500 000 personnes qui conduisent sans permis (donc sans assurance).
Dans les grands centres urbains comme Paris ou Lyon, il est plus simple de ne pas avoir de voiture (A Paris, seuls 37% des ménages ont une voiture, ce qui explique une certaine hostilité au trafic automobile), mais dans beaucoup d’autres endroits, l’état se comporte comme si il voulait nuire a à la population non motorisée. Que cette politique soit délibérée ou non n’est pas le plus important. Ce qui est essentiel, c’est qu’une marche arrière concernant l’aménagement territorial soit entreprise si on ne veut pas devenir un pays misérable ou vivre devient problématique pour une catégorie grandissante de la population.

(c) Pierre ROUZEAU
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Page mise à jour le 26/11/2018 14:37